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Les 3 types de narrateurs dans un récit

Image d'une machine à écrire pour illustrer l'article de blog de Catherine Loiseau sur les 3 types de narrateurs

Une histoire s’écrit toujours (ou presque) du point de vue d’un personnage. Parce que c’est son histoire qu’on suit. Parce que c’est à lui ou elle qu’on s’attache ou au moins pour qui on a suffisamment d’intérêt pour avoir envie de tourner les pages. En fiction, il y a 3 types de narrateurs : 1ère personne, 3ème personne focalisée, 3ème personne omnisciente. Chacun de ces modes de narration nous fait adopter un point de vue donné, et on va voir tout ça ensemble et en détail.

Les 3 types de narrateurs principaux

Comme je l’ai dit, il y a la 1ère personne, 3ème personne focalisée, 3ème personne omnisciente. On trouve aussi quelques exemples de 2ème personne du singulier et du pluriel (tu et vous). J’ai lu aussi quelques exemples de narration au « nous ». Mais ça reste des exemples à la marge, et souvent plus un exercice de style. On va donc se concentrer sur les trois principaux.

La Narration à la 1ère personne

C’est la narration au « je ». C’est quand celui qui raconte est celui à qui l’histoire arrive.

Exemple :

« Aujourd’hui encore, je ne peux m’empêcher de faire le lien entre ce garçon, Peeta Mellark, le pain qui m’a redonné espoir, et le pissenlit qui m’a rappelé que je n’étais pas condamnée. Plus d’une fois, dans le couloir de l’école, je l’ai surpris qui regardait dans ma direction avant de se détourner aussitôt. J’ai la sensation d’avoir une dette envers lui, ce que je déteste. Peut-être que si j’avais pu le remercier, je me sentirais moins mal aujourd’hui. J’ai voulu le faire parfois, mais sans jamais trouver le bon moment. »

Hunger Games T1, Suzanne Collins, Pocket Jeunesse

C’est un type de narration qu’on trouve à la fois au passé, comme dans l’extrait que je viens de partager. On peut aussi le trouver au présent, comme dans l’extrait suivant :

« C’est notre anniversaire aujourd’hui – cinquante-cinq ans pour lui, quinze pour moi. Demain, j’essaierai de lui faire plaisir, à lui, à la communauté et à Dieu. La nuit dernière donc, j’ai refait ce rêve qui n’est qu’un mensonge. Il me faut donc le raconter parce que ce mensonge-là me trouble trop profondément ».

La parabole du semeur, Octavia Butler, J’ai lu SF

Le narrateur ici est la personne à qui il arrive les choses.

C’est un type de narration typique de l’autobiographie, mais qu’on retrouve assez largement dans tous les genres littéraires, dans le Young Adult par exemple.

Pour la narration au présent, elle peut notamment servir au genre épistolaire (une histoire racontée au travers de lettres) ou dans une narration sous forme de journal (ce qui est le cas de la Parabole du semeur).

Narration à la 3ème personne en focal

Là, ce n’est plus le personnage qui raconte directement son histoire : elle est racontée à la 3ème personne, en utilisant « il » ou « elle ». Je vais illustrer ces récits à la 3ème personne avec des exemples.

On peut avoir une narration avec un seul personnage.

« Harry avait à peine trempé sa cuillère dans son porridge qu’il y eut soudain un grand bruit d’ailes au-dessus de sa tête : une bonne centaine de hiboux venaient de s’engouffrer dans la Grande Salle en tournoyant au-dessus des tables pour laisser tomber lettres et paquets entre les mains de leurs destinataires. Un gros colis rebondit sur la tête de Neville et un instant plus tard une grande chose grise tomba dans le pichet d’Hermione en éclaboussant tout le monde de lait et de plumes. »

Harry Potter et la Chambre des secrets, JK Rowling, éditions Gallimard Jeunesse

La série Harry Potter est écrite en 3ème personne, de la focale (point de vue) de Harry.

Mais on peut avoir ce type de narration, avec différentes focales. Par exemple, la série de livres Le trône de fer, de George R. R. Martin, alterne entre les points de vue des différents personnages.

Ce type de narration se décline fréquemment au passé, mais on peut également trouve également au présent. Exemple :

« Dehors, le jeune Xiao Chen court vers le centre du village. Ses sandales de paille font gicler la boue tout au long du chemin. Une troupe de voyageurs s’avance sur la place. Le garçon s’arrête à quelques mètres d’eux, regarde le spectacle en écarquillant les yeux. »

Porcelaine, Estelle Faye, les moutons électriques

Comme pour la narration à la première personne, cette narration entre dans la tête d’un personnage, c’est pourquoi on parle parfois de « 3ème personne focalisée ».

Dans la série des 3 types de narrateur, on va maintenant voir le petit dernier qui diffère un peu des autres.

Narration omnisciente

Là, contrairement à la focale, la narration va être à la 3ème personne, mais « sauter » d’un personnage à un autre, comme si on avait un narrateur omniscient qui choisit d’orienter l’attention sur un personnage ou un autre.

Ça donne un effet de caméra, qui va zoomer sur un personnage, dézoomer, puis passer à un autre. Exemple :

«  Adam eut le sentiment, dès l’instant où leurs yeux se rencontrèrent qu’ils étaient déjà amis de longue date. Cette rencontre fut une nouvelle note de bienvenue, qui s’ajouta à celles qui avaient déjà tinté à ses oreilles. La cordialité avec laquelle se rencontrèrent sir Nathaniel et Adam aida considérablement le premier à fournir des explications et le second à les écouter.
[…] Sir Nathaniel fut cependant touché et, dans une certaine mesure, ragaillardi par l’admiration évidente du jeune homme et par son empressement à s’instruire auprès de lui. »

Le repaire du ver blanc, Bram Stoker, The classic collection

La différence entre ce passage et les précédents, c’est qu’ici, on a le ressenti des deux personnages, comme si on jonglait entre les points de vue.

La narration omnisciente est plus détachée que les précédentes, qui collent vraiment au point de vue d’un personnage. Ici, on est plus libre, avec un narrateur qui donne l’impression de surplomber l’intrigue, plutôt que de la vivre en direct.

Cette narration sert aussi à délivrer des informations au lecteur, par la voix de son narrateur omniscient. Exemple :

« C’était assurément une femme remarquable et peu commune et elle semblait digne, tant par son rang que par ses qualités personnelles, de devenir la compagne choisie par l’héritier à sa première apparition. Bien sûr, rien de tout cela n’était dit ouvertement par ceux de sa propre classe, qui étaient présents, mais les mots ne sont pas nécessaires quand tant de choses peuvent être exprimées par des signes de tête et des sourires ».

Le repaire du ver blanc, Bram Stoker, The classic collection

Sur cet extrait, le narrateur nous délivre des informations sur un personnage, lady Arabella, et sur les usages de sa classe sociale, sans que ces informations passent vraiment par le point de vue d’un des personnages présents. On est vraiment du point de vue d’un omniscient.

Quel narrateur privilégier ?

Maintenant que vous savez un peu mieux quels sont les 3 types de narrateur, vous vous demandez sûrement quelle option choisir.

Des avantages et des difficultés pour chacun

Je commence tout de suite par établir un fait : aucun n’est pour moi supérieur à un autre. J’entends parfois des gens dirent que la 1ère personne est une sous narration, ou que l’omnisciente est à bannir si on débute.

Non.

Chaque narration a ses spécificités, ses avantages et ses difficultés

  • Narration à la 1ère personne : L’avantage, c’est qu’on est dans la tête du personnage, et que cette proximité favorise l’indentification du lecteur. L’inconvénient, c’est qu’on est limité à ce que le personnage voit et expérimente. Une bonne narration à la première personne implique aussi d’arriver à donner un style à sa narration pour lui donner une « couleur » qui reflétera le personnage.
  • Narration à la 3ème personne : c’est celle la plus utilisée et la plus commune actuellement, que ce soit avec un narrateur simple ou un narrateur multiple. Comme la narration à la première personne, elle permet une bonne identification au personnage. Mais elle peut assez vite être terne et manquer de relief. Si on part sur une narration chorale, on prend aussi le risque d’éclater l’histoire entre trop de personnages.
  • Narration omnisciente : jongler entre les points de vue, tout en gardant de la hauteur permet de mener l’intrigue, tout en ne négligeant pas les personnages. Par ce narrateur omniscient, on peut aussi faire passer des informations au lecteur. L’inconvénient de cette narration est qu’elle est compliquée à mener de manière fluide.

Avec lequel des 3 types de narrateur êtes-vous le plus à l’aise ?

Pour choisir le bon type de narration, demandez-vous avec quoi êtes-vous à l’aise ? Qu’est-ce que vous aimez lire ? Ce que vous aimez devrait déjà vous donner de bonne indication sur la narration à adopter.

Mais ça ne s’arrête pas là. Pensez à votre projet en cours. Qu’est-ce qui vous semble le mieux coller ? Avez-vous besoin de jongler avec les points de vue ? Ou au contraire, voulez-vous une immersion totale dans la tête du personnage ?

Si vous doutez, n’hésitez pas à faire un petit test : prenez une scène de votre projet en cours et écrivez-le en utilisation chacun des 3 types de narrateurs. Vous verrez, tout sera d’un coup plus clair !

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