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Narrateur omniscient : à éviter quand on débute ?

Il existe différents types de narrateurs en écriture : 1ère personne ou 3ème personne en focalisé (sous-entendu, on est dans la tête du personnage) ou narrateur omniscient. Ce dernier diffère des deux autres parce que là, au lieu d’être juste dans la tête d’un seul personnage, on va avoir un point de vue plus global sur la situation, voire on va jongler de tête en tête. Souvent, on entend que ce type de narration est déconseillé au débutant. Alors, vrai ou pas ?

Je vous renvoie à mon article de blog sur les différents types de narration, mais voilà, petit point de rappel.

On parle de narration omnisciente quand on n’est pas focalisé uniquement sur un personnage, pas uniquement de son point de vue à lui, mais qu’on va avoir un point de vue plus large

À quoi sert le narrateur omniscient ?

Donner une tonalité

Ce type de narration permet d’abord de donner une tonalité. Un narrateur qui chapeaute l’ensemble et qui va pouvoir donner des informations au lecteur, voire l’interpeller directement, ça donne tout de suite un genre.

C’est ce qui m’a marqué dans la série Artemis Fowl de Eoin Colfer :

« Étendue sur son lit, Holly Short bouillait d’une rage silencieuse. Ce qui n’avait rien d’inhabituel. D’une manière générale, les farfadets n’étaient pas réputés pour leur cordialité. Mais Holly était d’une humeur particulièrement détestable, même pour une fée. En langage plus technique, c’était une elfe, le mot “fée” étant un terme général. Elle était aussi farfadet, mais uniquement à titre professionnel. »

Artemis Fowl T1, Eoin Colfer

Comme pour De Bons présages, le narrateur a accès aux pensées du personnage, mais à un peu plus. Cette position lui permet de commenter l’action et les pensées du personnage et ici, d’ajouter une bonne touche d’humour.

L’ironie dramatique

Avoir un narrateur omniscient permet de jouer sur l’ironie dramatique.

L’ironie dramatique, c’est quoi ? C’est tout simplement quand le lecteur a un temps d’avance sur le personnage qu’il ou elle sait quelque chose que le personnage ignore. Et ça peut être très facilement mis en place en utilisant l’omniscient. Parce que ce narrateur sait des choses que les personnages ignorent, et qu’il a accès aux pensées de tous les personnages.

Très souvent, quand on voit passer des articles ou des posts sur la narration omnisciente, c’est pour la déconseiller aux débutants. C’est une recommandation que j’aurais tendance à partager, parce que :

Alors, on bannit ?

En écriture, rien n’est totalement interdit et rien n’est absolument obligatoire (à part qu’il faut écrire ^^).

Je déconseille d’utiliser un narrateur omniscient si vous êtes débutant, parce que c’est une technique plus compliquée que la moyenne. Et, soyons honnêtes, si vous débutez, vous avez déjà pleeeein de techniques à travailler, à comprendre et à assimiler.

Cela dit, je n’interdis pas de l’utiliser, bien au contraire. Si ça vous tente, franchement faites-le. Testez et voyez ce que ça donne. Peut-être que ce sera la révélation et que vous serez super à l’aise avec ce type de narration. Peut-être que ça ne vous plaira pas du tout. Peut-être que ça marchera très bien pour un projet et pas du tout pour un autre.

Ou peut-être que vous vous rendrez compte que vous n’êtes pas obligé d’utiliser la narration omnisciente pour tout le roman. Vous pouvez juste écrire quelques passages et pour le reste, vous focaliser sur les personnages. Et je vais prendre comme exemple les premières pages de De Bons présages :

 « Si l’on admet que l’Univers a été créé et n’a pas com­mencé officieusement, pour ainsi dire, les théories actuelles sur sa Création lui attribuent entre dix et vingt milliards d’années. Selon un calcul identique, on juge d’ordinaire que la Terre a quatre milliards et demi d’an­nées.
Ces estimations sont erronées.
Les Cabalistes du Moyen Âge ont évalué la date de la Création à 3760 avant J.-C. Les théologiens orthodoxes grecs remontaient jusqu’en 5508 avant J.-C.
Erreur, là aussi.
L’archevêque James Usher (1581-1656) publia en 1654 ses Annales Veteris et Novi Testamenti, qui suggé­raient que le Ciel et la Terre ont été créés en 4004 avant J.-C. Un de ses collaborateurs poussa les calculs plus loin et put annoncer triomphalement que la Terre avait vu le jour le dimanche 21 octobre 4004 avant J.-C, à neuf heures du matin précises, parce que Dieu aimait travailler tôt, pendant qu’il se sentait frais et dispos.
Il se trompait également. De presque un quart d’heure.
Ces histoires de fossiles de dinosaures sont un canu­lar, mais les paléontologues ne l’ont pas encore compris. Ce qui prouve deux choses :
D’abord, que les voies du Seigneur sont vraiment impénétrables : elles fonctionnent peut-être même en circuit fermé. Dieu ne joue pas aux dés avec l’univers, mais à un jeu ineffable de Son invention, qu’on pourrait comparer, du point de vue des autres joueurs, (c’est-à-dire tout le monde) à une version obscure et complexe du poker, en chambre noire, avec des cartes blanches, pour des enjeux infinis, en compagnie d’un croupier qui refuse d’expliquer les règles et qui n’arrête pas de sourire.
Ensuite, que la Terre est Balance. »

De Bons présages, Terry Pratchett et Neil Gaiman

Comme pour De Bons présages, le narrateur a accès aux pensées du personnage, mais à un peu plus. Cette position lui permet de commenter l’action et les pensées du personnage et ici, d’ajouter une bonne touche d’humour.

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