Le milieu d’un roman, c’est comme le Mordor du Seigneur des Anneaux. Cette terre désolée, où rien ne pousse, où l’espoir a disparu et où plus rien n’a de sens. Cette terre desséchée correspond approximativement au milieu d’un roman.
Cette impression qu’on ne va pas y arriver, que le projet est super nul et qu’on n’aurait jamais dû le commencer… Ça arrive à tous les auteurs, c’est normal ! Aujourd’hui, nous allons voir ensemble d’où vient ce « syndrome du milieu » et quelles solutions existent pour en sortir.

Tout le monde bloque-t-il au milieu ?
J’aurais tendance à dire oui. Peut-être pas 100 % des auteurs, mais une très grande majorité. Le passage compliqué du milieu, je l’expérimente presque à chaque roman. C’est un sentiment partagé par de nombreux écrivains avec qui j’ai pu échanger. Ce n’est peut-être pas systématique pour tous les projets, mais c’est récurrent. Ça vous arrivera probablement au moins une fois dans votre parcours d’écrivain.
Ce blocage n’est pas limité aux débutants ou aux jeunes auteurs. Il touche même les auteurs plus aguerris. Je vous recommande d’ailleurs l’épisode « This sucks and I’m a horrible writer » du podcast Writing Excuses, animé notamment par Brandon Sanderson, auteur majeur de fantasy contemporaine. Même lui bloque au milieu et doute !
Donc oui, ça arrive à tout le monde au moins une fois. Douter, patauger au milieu de l’intrigue, ça ne fait pas de vous un mauvais auteur. Ça fait juste de vous un auteur.
Comment surmonter ce syndrome du milieu ?
Reconnaître le problème
La première étape importante est de reconnaître le problème. Admettre qu’on est dans le Mordor, c’est difficile, c’est frustrant, mais, comme je l’ai mentionné, ça arrive à tout le monde. Et prendre conscience de cette réalité aide déjà. Rappelez-vous que c’est transitoire, un mauvais moment à passer qui s’améliorera par la suite.
En parler autour de soi
Je conseille vivement d’en parler à votre entourage. Une de mes coachées est venue me voir pour une séance, en galère sur son texte. Quand je lui ai demandé où elle en était et qu’elle m’a répondu « au milieu », je l’ai rassurée en lui expliquant que c’était fréquent d’avoir un coup de mou à ce stade. J’ai immédiatement vu le soulagement sur son visage.
De même pour moi, simplement en partageant mes difficultés sur les réseaux sociaux et en recevant des messages de soutien de personnes qui vivaient ou avaient vécu la même situation, j’ai ressenti un réel réconfort.récit. Dans le cas contraire, il est inutile de consacrer du temps à ce type de détail
Faire une pause si nécessaire
Si l’écriture devient vraiment compliquée et source de souffrance, je vous encourage à faire une pause. Plus ou moins longue selon vos besoins. Parfois, quelques jours suffisent.
Changez-vous les idées, prenez l’air. Pratiquez une activité qui vous ressource et vous redonne de l’énergie. Souvent, prendre du recul suffit pour pouvoir s’y remettre et avancer.
Écrire malgré tout
Je suis désolée de vous le dire, mais la sortie du Mordor impliquera d’écrire et de passer ce cap difficile.
Vous pouvez opter pour la méthode un peu directe : « butt on the chair, hands on the keyboard » (les fesses sur la chaise, les mains sur le clavier). L’idée est de s’installer et d’écrire sans regarder en arrière, pour dépasser le blocage et progresser.
Dans ces moments-là, j’aime participer à des défis d’écriture comme le NaNoWriMo ou Fight for Words. C’est plus agréable et motivant en groupe.
L’avantage de cette méthode est qu’en vous concentrant uniquement sur l’écriture, vous doutez moins de vous-même et de la qualité de votre travail. C’est l’approche que j’adopte généralement, car quand je suis dans le Mordor, je ne suis pas très objective concernant mon écriture. J’ai tendance à tout voir en noir, ou en gris très sombre, et à penser que rien de ce que j’ai écrit jusque-là n’est à la hauteur.
Écrire en mode « je trace » me permet de sortir de cet état d’esprit et d’avancer. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle peut être un peu brutale et vous mettre davantage mal à l’aise. Écoutez-vous, c’est acceptable de ne pas vouloir forcer ainsi. C’est acceptable de devoir faire une pause plus longue.
Identifier les problèmes structurels
Parfois, comme je l’ai mentionné, le blocage du milieu provient d’un problème de structure : vous réalisez que quelque chose dans votre histoire ne fonctionne pas. Ça arrive. C’est normal. Respirez profondément, préparez-vous une boisson réconfortante et reprenez.
Si vous rencontrez un obstacle au milieu, réfléchissez. Qu’est-ce qui vous gêne dans l’histoire ? Les personnages ? La direction que prend l’intrigue ? Le ton ? Identifiez-vous des éléments précis, ou est-ce plus diffus ?
Vous pouvez relire ce que vous avez déjà écrit. Je vous déconseille cependant de corriger immédiatement. Vous pouvez le faire si vous sentez que c’est nécessaire pour repartir, mais soyez prudent ! Je le déconseille car, pour l’avoir fait et avoir vu d’autres auteurs le faire, vous risquez de vous enliser dans une réécriture infinie du premier tiers du projet, à la recherche d’une perfection inatteignable.
Je vous suggère plutôt de relire si besoin, de noter les éléments à améliorer pour guider votre future réécriture, et de chercher à avancer malgré tout.
Renforcer le point médian
Un élément qui bloque souvent au milieu, c’est quand le point médian de l’histoire n’est pas bien identifié et utilisé.
Le point médian, ou midpoint, est le milieu de l’histoire. C’est un moment où l’intrigue est censée rebondir et emmener l’histoire dans une nouvelle direction. Dans le premier film « Alien », le midpoint est la « naissance » de l’alien via l’explosion de la poitrine.
Se rappeler que c’est un premier jet
Si vous bloquez vraiment et que vous avez l’impression de ne pas voir le bout du tunnel, rappelez-vous : vous écrivez le premier jet de l’histoire. Il n’a pas besoin d’être parfait, juste d’exister !
Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, c’est pourquoi je me permets de le répéter : fait vaut mieux que parfait !
Demander de l’aide si nécessaire
Si vous êtes vraiment dans une impasse dont vous n’arrivez pas à sortir seul, c’est pénible, mais ça arrive et il n’y a aucune honte à demander de l’aide. Je propose d’ailleurs une prestation de coaching : Au secours, Cat ! (1 h de coaching pour vous aider à vous débloquer sur un point précis). J’ai déjà aidé des écrivains qui étaient justement en lutte avec ce syndrome du milieu.