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Le syndrome du milieu : pourquoi on bloque au milieu de son roman

Le milieu d’un roman, c’est comme le Mordor du Seigneur des Anneaux. Cette terre désolée, où rien ne pousse, où l’espoir a disparu et où plus rien n’a de sens. Cette terre desséchée correspond approximativement au milieu d’un roman.

Cette impression qu’on ne va pas y arriver, que le projet est super nul et qu’on n’aurait jamais dû le commencer… Ça arrive à tous les auteurs, c’est normal ! Aujourd’hui, nous allons voir ensemble d’où vient ce « syndrome du milieu » et quelles solutions existent pour en sortir.

J’aurais tendance à dire oui. Peut-être pas 100 % des auteurs, mais une très grande majorité. Le passage compliqué du milieu, je l’expérimente presque à chaque roman. C’est un sentiment partagé par de nombreux écrivains avec qui j’ai pu échanger. Ce n’est peut-être pas systématique pour tous les projets, mais c’est récurrent. Ça vous arrivera probablement au moins une fois dans votre parcours d’écrivain.

Pourquoi bloque-t-on au milieu ?

Raison n° 1 : L’énergie baisse

Le début d’un roman peut être difficile, ne nous le cachons pas. Démarrer un nouveau projet, c’est souvent effrayant, mais je trouve qu’il y a un cap à passer. Une fois les premiers chapitres passés, l’écriture devient souvent plus fluide. Au début, nous avons plus d’énergie. C’est comme un « nouveau jouet », tout beau, tout neuf. Nous découvrons les personnages, construisons l’histoire et l’univers. C’est généralement très motivant.

À l’autre extrémité, il y a la fin de l’histoire. Bien que celle-ci puisse être complexe à écrire (surtout s’il s’agit de la conclusion définitive et qu’il faut dire au revoir à l’histoire, à l’univers et aux personnages), j’ai remarqué qu’en arrivant à la fin du premier jet, un regain d’énergie apparaît. On voit la fin de l’histoire — la fin du tunnel parfois — et cela donne un nouvel élan.

Mais au milieu, il y a… eh bien, le milieu. L’écriture d’un roman prend du temps. À moins d’être un sprinter capable d’écrire 150 000 mots en un mois et demi (je l’ai fait à une époque… j’étais jeune et pleine d’énergie), rédiger un premier jet prendra plusieurs mois, voire plusieurs années.

Plus un projet s’étire dans le temps, plus nous sommes sujets à des baisses d’énergie, et c’est normal. Le milieu est souvent ce moment où l’on a perdu l’énergie du début, sans bénéficier encore de l’excitation de la fin.

Si en plus le quotidien s’en mêle avec des imprévus, des obligations familiales ou professionnelles, cela complique encore les choses et contribue grandement à cette impression de traverser le Mordor. Et on tombe dans ce fameux syndrome du milieu.

Raison n° 2 : Un cap difficile dans l’histoire

Le milieu d’une histoire est souvent un passage complexe car c’est une transition qui n’est pas toujours simple à négocier.

C’est le moment où l’intrigue devrait rebondir et repartir dans une nouvelle direction, avec des révélations, des ruptures de rythme, des enjeux plus importants pour le ou les personnages. En réalité, c’est souvent le moment où l’on fixe sa page blanche en se demandant ce qu’on est en train d’écrire.

J’ai remarqué que lorsque je bloque au milieu, c’est généralement parce que certains aspects de l’histoire manquent de clarté. J’ai peut-être prévu quelque chose dans ma trame, mais je me rends compte que ce que j’ai prévu et ce que j’ai effectivement écrit ne s’alignent plus. Étant plutôt de profil « architecte/randonneuse », je prépare ma trame en amont. Mais les trames ne résistent jamais à l’écriture, et souvent au milieu, un réalignement s’impose.

Pour en avoir discuté avec des « jardiniers » (ces auteurs qui écrivent de façon plus intuitive), ce réalignement s’applique également à leur processus. Car même les jardiniers ne partent pas totalement à l’aventure. Ils ont généralement une idée générale, les grandes lignes, ainsi que des envies concernant le roman et les personnages. Arrivé au milieu, on réalise parfois que ce qu’on a écrit ne correspond pas à ce qu’on voulait raconter ou faire ressentir.

Raison n° 3 : Trop de pression sur le premier jet

C’est quelque chose que j’ai particulièrement ressenti pour mon projet Le Codex Écarlate, d’autant plus que je relisais en parallèle un autre manuscrit, Héroïque. Celui–ci avait un premier jet plutôt propre. J’avais des ajustements à faire, deux chapitres à réécrire suite à une modification, mais globalement, ça fonctionnait bien. J’en étais satisfaite.

J’ai alors commencé à comparer Héroïque et Le Codex Écarlate que j’étais en train d’écrire. Je me suis rendu compte que Le Codex Écarlate n’était pas aussi abouti que Héroïque. Je me suis alors mis une pression considérable, estimant que mon nouveau projet devait être aussi fouillé et travaillé dès la première version.

C’était une erreur, car ce ne sont pas du tout les mêmes types de projets. Héroïque est un roman de superhéros steampunk, avec un seul personnage point de vue, de l’enquête, de l’action, de l’humour et des personnages aux caractères bien trempés.

Le Codex Écarlate est plus complexe, avec moins d’action, davantage de psychologie et de débats entre personnages. J’ai deux personnages point de vue, dont mon héroïne non voyante, ce qui bouleverse ma manière d’écrire habituellement très visuelle.

Quand je suis arrivée au milieu, j’ai regardé en arrière ce que j’avais écrit et je n’ai pas été satisfaite du résultat. L’écriture est alors devenue une corvée plutôt qu’un plaisir, ce qui est regrettable.

La première étape importante est de reconnaître le problème. Admettre qu’on est dans le Mordor, c’est difficile, c’est frustrant, mais, comme je l’ai mentionné, ça arrive à tout le monde. Et prendre conscience de cette réalité aide déjà. Rappelez-vous que c’est transitoire, un mauvais moment à passer qui s’améliorera par la suite.

Conclusion

En résumé, le milieu est souvent un passage difficile à écrire, en raison des doutes, de la baisse d’énergie, et d’une histoire qui ne va pas forcément là où nous le souhaiterions.

L’important est de prendre soin de vous, de vous accorder du temps et de l’espace pour respirer, de vous reconnecter à ce que vous voulez pour l’histoire. Puis de reprendre l’écriture à votre rythme.

Si vous traversez actuellement ce syndrome du milieu, courage ! Vous n’êtes pas seul, et vous finirez par en sortir. La lumière existe au bout du tunnel, même si elle semble parfois bien lointaine.

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